Trois zones ont été étudiées minutieusement sur ce territoire : d’abord la partie des graves avec les hameaux et les domaines viticoles, ensuite le bourg et sa forte densité, enfin les zones de marécages -ou palus- témoins du passé insulaire des rives du fleuve.
Au total, plus de 250 édifices ont été recensés, de l’église aux châteaux viticoles, de la ferme aux bâtiments municipaux.
L’occasion vous est offerte de parcourir, du Moyen Âge à nos jours, les richesses et la diversité patrimoniales de cette commune du sud Médoc.
Le clocher est la partie la plus ancienne de l’église qui remonterait au 12e siècle ; c’est également le plus vieil édifice de la commune.
Au rez-de-chaussée, une pièce voûtée d’ogives s’ouvrait à l’origine vers l’ouest. En effet, les chapiteaux romans portent les naissances des arcs outrepassés (rares dans la région) sur le mur ouest formant l’ancien arc triomphal ouvrant sur une nef. La partie supérieure, accueillant les cloches, a toujours été décrite comme fortifiée à cause de ses ouvertures en créneaux. Un texte de la fin du 16e siècle valide cette hypothèse : un écuyer est intimé de faire la garde du village mais réplique qu’aucun château ne le permet, hormis « l’église fort » de Macau. Le cimetière placé autour de l’église est rapidement jugé comme insalubre au début du 19e siècle. La municipalité le déplace à l’écart dans les années 1820.
Le village de Macau est un des rares du sud Médoc à présenter une forme ovoïde, découpée en plusieurs « îlots » par ses rues principales et transversales. À cela s’ajoute un bâti dense occupé par des maisons à étage munies de façades sur rue avec jardin ou dépendance à l’arrière. Cette caractéristique semble être issue d’un noyau médiéval. Sous domination de l’abbaye de Sainte-Croix depuis 1027, les religieux en font une sauveté. Si le bourg est décrit dès le 12e siècle par des textes évasifs, les documents se précisent à l’époque moderne.
Seules quelques maisons conservent des maçonneries de cette époque (15e-17e siècles), principalement regroupées autour de l’église. Dans les années 1730, des plans sont levés afin de délimiter les possessions du seigneur de Cantemerle face à celles de l’abbé de Sainte-Croix. Des bornes sont placées aux angles nord et sud de l’actuelle rue du Général du Preuil. Ce découpage était à ce jour méconnu.
Au 19e siècle, presque chaque maison fait l’objet d’une reconstruction partielle ou totale. Ce phénomène témoigne de la bonne santé économique de la commune, essentiellement du à son vignoble.
Les parties composées de cailloux, plus précisément de petits galets, sont appelées « graves » et proposent un terrain favorable à la vigne. Quelques villages comme Labric, Cantelaude, Berne apparaissent dans ce paysage dominé par cette monoculture qui donne, à toutes les propriétés de l’ouest de la commune, le fruit de ses meilleurs raisins.
Les « châteaux viticoles » sont pour beaucoup d’anciennes fermes ou propriétés tenues à l’époque moderne par des parlementaires bordelais : Cantemerle, Maucamps, Cambon la Pelouse, Rose-la-Biche…
Pour la grande majorité, les maisons d’habitation sont sujettes à de fortes modifications pouvant accompagner des aménagements paysagers. Par exemple, un château tout neuf est construit à Cambon la Pelouse en 1864, à Priban, le logis est agrandi avec pavillons aux angles dans les années 1870 tout comme à La Hourringue, Maucamps est entièrement reconstruit vers 1900, Cantemerle subit des ajouts et transformations dès les années 1840 jusqu’aux années 1880.
Ces améliorations concourent à placer la maison d’habitation au cœur de l’exploitation et sa silhouette au centre de l’étiquette.
Deux îles, celle des Vaches (au nord) et celle de Macau (en face du bourg et au sud) font partie de la commune. Difficile aujourd’hui d’employer ce terme tant leur aspect insulaire est perdu aux yeux de tous. La Maqueline, petit fossé large d’un ou deux mètres par endroits dépassait les huit mètres à l’époque moderne. Ce petit bras de mer permettait aux gabarres de remonter son cours pour décharger les marchandises jusqu’au pied du village.
Les îles, et plus particulièrement celle de Macau, ont été occupées tôt : dès le milieu du 13e siècle, elles rapportent de bons revenus dans les possessions abbatiales. La vigne est citée précocement (mention en 1406) mais des terres, des bois sont également mentionnés.
L’île se développe et se structure : des petits domaines appelés bourdieux sont établis avec de quoi loger hommes et matériel. Dans certaines maçonneries, quelques vestiges ténus attestent de l’existence de ces domaines au 16e siècle. Les drainages effectués sous le règne d’Henri IV favorisent le développement de l’exploitation agricole. Au siècle suivant, la « fureur de planter » touche l’île qui compte une centaine de propriétés, au cœur d’un océan de vignes.
Plusieurs d’entre elles sont construites ou reconstruites à cette époque par des Parlementaires, dont Barreyre, Laronde-Désormes, Bayle-Peyronnet ou encore Plaisance. Leur disposition prévoit un soubassement pour loger les barriques et une partie habitation plus ou moins vaste et luxueuse.
En parallèle, le port principal (avec celui du Marchand) bénéficie de cet élan producteur, en particulier au 19e siècle. Ce moment est propice pour le « vin de palus », caractéristique des zones humides, insensible aux maladies (oïdium, phylloxéra) et coutumier des rendements record. Plusieurs cuviers ou chais à gros volumes vont être adaptés à ce type de récoltes.
En même temps, de nouvelles habitations peuvent être entreprises -parfois par de célèbres architectes-, comme au château Lescalle.
Outre les châteaux ou le bourg, un patrimoine vernaculaire important a été recensé (environ 150 édifices), du moulin à la petite maison paysanne.
Au 18e siècle, au moins 7 moulins à vent animaient le paysage agricole aux alentours du village. Aujourd’hui deux sont conservés, au lieu-dit des Trois Moulins et au sud du bourg.
Le plan cadastral de 1843 montre aussi la présence d’au moins deux lavoirs : celui de la rue Camille Godard et de La Grillade. Ce dernier, de grandes dimensions, a été restauré à la fin des années 1990 et est toujours visible en face du château Maucamps.
Le 19e siècle est une période faste pour la « petite » construction. L’avenue de la Libération (sud du bourg) et le quartier de la gare en sont deux bons exemples puisque des maisons basses en alignement sont bâties des années 1840 jusqu’à la fin du siècle.
Ces « lotissements » sont consécutifs à la prospérité viticole qui attire et à l’arrivée du chemin de fer qui développe.
L’enquête d’inventaire a également permis de signaler de nombreux puits, des parcs remarquables voire des constructions contemporaines.
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